Le jeudi 03 juin 2021, de jeunes volontaires de la 4e cohorte de l’ONG CorpsAfrica/Sénégal ont officiellement clôturé leur service dans dix (10) régions du Sénégal. De Fongolimbi à Kafountine, du Fouta au Fouladou en passant par des villages reculés du bassin arachidier, ils ont dignement apporté leur pierre au développement des communautés. Cette cérémonie a été l’occasion pour le Directeur pays de CorpsAfrica/Sénégal, M. Mamadou SARR, de revenir sur le sacrifice consenti par ces jeunes pour participer à l’émergence de leur pays.
Mlle Mariam Banel FAYE, volontaire dans l’île de Bettenty à Foundiougne, revient sur le sens, cet engagement et l’image que ça renvoie dans la société sénégalaise : “mon engagement dans le volontariat a été l’occasion de me sentir vraiment utile pour mon pays et de découvrir de nouvelles cultures et modes de vie. En plus des compétences que j’ai acquises en développement durable et en gestion de projet, ce service m’a profondément transformée… Au début, mes proches n’étaient pas très enthousiastes à l’idée que je fasse du volontariat en milieu rural. Mes parents s’attendaient plus à ce que je mette mes compétences sur le marché de l’emploi pour avoir un bon salaire”. Mariam FAYE n’est pas seule dans ce cas. En effet, la société sénégalaise conçoit le volontariat comme un manque d’ambition chez le jeune diplômé : ce qui est fidèlement résumé dans l’adage wolof “njërign loo fékké”, comme pour dire que tout effort doit avoir une contrepartie. Les parents et la famille attendent de leur enfant qu’il trouve un bon emploi pour récompenser tout l’investissement qu’ils ont consenti en éducation et en formation. C’est sans doute cet état d’esprit qui fait que l’on rencontre peu de volontaires sénégalais à l’intérieur du pays au point où les populations locales sont étonnées quand ils voient un sénégalais bon teint se présenter dans un village en tant que volontaire. Le secteur est surtout dominé par des américains et des Japonais à travers le Peace Corps et la Japanese International Cooperation Agency (JICA).
Cet engagement reste un pont entre l’université et le milieu professionnel. Bon nombre d’organisations d’appui au développement ou de la société civile privilégient dans leur recrutement les anciens volontaires du fait de leur engagement pour les communautés et de leur sens du service rendu. Au Sénégal, le sous-emploi a fait que l’intérêt dans le volontariat dépasse le besoin de rendre service. De plus en plus, des jeunes s’engagent juste parce qu’ils peinent à trouver un emploi ou un stage rémunéré. Alors ils trouvent dans le volontariat une opportunité de gagner de l’expérience ou un peu d’argent. Alors là, son impact rejoint la devise de CorpsAfrica/Sénégal, “Servir, apprendre et se valoriser”. Le volontariat devient un outil de promotion du développement communautaire, mais aussi de formation des jeunes diplômés pour une meilleure insertion dans le milieu professionnel. C’est pourquoi le mardi 29 juin 2021, les députés ont voté à l’unanimité la loi d’orientation n° 14 – 2021 relative au volontariat pour encadrer le secteur et en faire un levier de développement.
Maodo Sylla / SCF